Thursday, April 25, 2024

Un régime de suprématie juive de la Méditerranée au Jourdain :c’est un apartheid

Plus de 14 millions de personnes, dont à peu près la moitié sont juives et l’autre moitié palestiniennes, vivent entre le Jourdain et la Méditerranée sous un seul et même régime.
Dans le discours public, politique, juridique et médiatique, la perception courante celle de deux régimes séparés opérant côte à côte dans cette zone, séparés par le Ligne verte.
Le premier régime, à l’intérieur des frontières de l’État souverain d’Israël, est une démocratie permanente avec une population d’environ 9 millions de personnes, tous
citoyens israéliens. Le second régime, dans les territoires dont Israël s’est emparé en 1967, et dont le statut final doit supposément être déterminé dans de futures
négociations, est une occupation militaire temporaire imposée sur quelque cinq millions de sujets palestiniens.
Au cours du temps, cette distinction entre deux régimes s’est de plus en plus éloignée de la réalité. Cette situation existe depuis plus de 50 ans — deux fois plus longtemps que
l’état d’Israël a existé sans celle-ci. Des centaines de milliers de colons juifs résident maintenant dans des colonies permanentes à l’est de la Ligne verte, vivant comme s’ils
étaient à l’ouest. Jérusalem-Est a été officiellement annexée au territoire souverain d’Israël et la Cisjordanie a été annexée en pratique. Plus important encore, la distinction
obscurcit le fait que la région entière entre la Méditerranée et le Jourdain est organisée selon un unique principe : faire progresser et renforcer la suprématie d’un groupe — les
Juifs — sur un autre — les Palestiniens. Tout ceci conduit à la conclusion que ce ne sont pas là deux régimes parallèles dont le principe suprémaciste se trouverait, par hasard,
être le même, mais bien un régime, gouvernant la zone entière et les gens qui y vivent, sur la base d’un seul principe d’organisation unique.
Quand B’Tselem a été fondé en 1989, nous limitions notre mandat à la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) et la Bande de Gaza, et nous nous abstenions d’aborder les questions de droits humains à l’intérieur de l’État d’Israël tel qu’établi en 1948, ou de porter un regard global sur l’entièreté de la région entre le Jourdain et la Méditerranée.
Pourtant, la situation a changé. Le principe d’organisation du régime a gagné en visibilité au cours des dernières années, comme en témoignent la « Loi fondamentale : Israël — État nation du peuple juif », promulguée en 2018, ou la promotion ouverte d’une annexion formelle de portions de la Cisjordanie en 2020. En lien avec les éléments décrits cidessus, tout cela signifie que ce qui arrive dans les territoires occupés ne peut plus être traité séparément de la réalité de l’ensemble de la zone sous contrôle israélien. Les
termes que nous avons utilisés ces dernières années pour décrire la situation —comme « occupation prolongée » ou « réalité à un État » — ne sont plus adéquats. Pour continuer à combattre efficacement les violations des droits humains, il est essentiel d’examiner et de définir le régime qui gouverne la région entière.
Cette publication analyse comment fonctionne le régime israélien pour promouvoir ses objectifs dans l’ensemble de la zone sous son contrôle. Nous n’offrons pas de synthèse historique ou d’évaluation, ni des mouvements nationaux palestinien et juif, ni de l’ancien régime sud-africain. Si ce sont des questions importantes, elles sont au-delà de la compétence d’une organisation de défense des droits humains. Ce document présente plutôt les principes qui guident le régime, démontre comment il les met en œuvre, indique
la conclusion qui en émerge sur la manière dont ce régime devrait être défini, et ce que cela signifie pour les droits humains.

Related Articles

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

- Advertisement -spot_img

Latest Articles